Le mois de septembre est synonyme de reprise du travail pour les acteurs du monde professionnel. Après avoir passé des vacances bien méritées, les entreprises, grandes petites ou moyennes, reprennent leurs activités avec une nouvelle dynamique. C’est l’occasion de retrouver les collègues, de partager les souvenirs de vacances, et pour les entreprises, de se fixer de nouveaux objectifs à atteindre. Mais cette rentrée n’est pas de tout repos, car la région doit faire face à des enjeux économiques et sécuritaires majeurs. Quelle est la situation actuelle ? Et quelles sont les perspectives des acteurs du secteur ?
Selon un rapport de la Banque Africaine de Développement, l’Afrique de l’Ouest devrait afficher une croissance économique robuste en 2023, estimée à 4,4 %. Cette performance est portée par des secteurs clés comme l’agriculture et les technologies numériques, qui contribuent à la diversification des économies et à la création d’emplois. La région bénéficie également d’une forte demande intérieure et d’une amélioration des termes de l’échange, grâce à la hausse des prix des matières premières comme le pétrole, le cacao ou le coton.
Toutefois, cette croissance économique n’est pas homogène dans la région, et certains pays affichent des résultats moins satisfaisants que d’autres. C’est le cas notamment des pays qui ont connu des coups d’État récemment, comme la Guinée, le Mali, le Burkina Faso, ou encore le Niger. Ces coups d'État ont entraîné des sanctions de la part de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qui ont eu des répercussions sur les échanges commerciaux et les flux financiers dans la région. La CEDEAO a notamment suspendu ces pays de ses instances et avait même fermé ses frontières avec eux.
Par ailleurs, la situation sécuritaire reste préoccupante dans certains pays, notamment au Mali, au Burkina Faso, et au Niger, où les attaques terroristes n’ont cessé de se multiplier, malgré les efforts des gouvernements et régimes successifs. Ces violences entravent la libre circulation des biens et des personnes, ainsi que le développement des infrastructures et des services publics. Elles favorisent également la contrebande, qui affecte l’activité des petites et moyennes entreprises et constitue un manque à gagner pour les trésors publics. Selon le rapport du Fonds Monétaire International, le coût annuel moyen du terrorisme dans ces deux pays est estimé à 0,8 % du PIB.
Malgré ces difficultés, l’Afrique de l’Ouest reste un endroit propice aux affaires, avec un potentiel énorme à exploiter. Les acteurs du secteur privé sont conscients des opportunités offertes par le marché régional, qui compte plus de 400 millions d’habitants. Ils sont également attentifs aux initiatives visant à renforcer l’intégration économique dans la région, comme la mise en œuvre de la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAf). Ce projet ambitieux vise à créer un marché unique pour les biens et les services, avec une libre circulation des personnes et des capitaux. Il devrait permettre d’accroître le commerce intra-africain et d’attirer davantage d’investissements.
Cependant, certains entrepreneurs, notamment des pays affectés par les violences terroristes, expriment aussi leur inquiétude face à la situation actuelle. Ils appellent les gouvernements à revoir leurs politiques d’économie de guerre, qui se traduisent par des taxes supplémentaires pour soutenir l’effort de paix. Selon une source dans le milieu des affaires qui a requis l'anonymat, “ces taxes n’incitent pas à la consommation” et “pèsent sur le pouvoir d’achat des ménages”. Cette source ajoute que “même si soutenir l’effort de paix est un impératif et un devoir pour tous, il est aussi primordial d’avoir une économie florissante au lendemain de la crise sécuritaire”.
C’est donc une rentrée marquée par un optimisme prudent, qui dépendra largement de l’évolution du contexte politique et sécuritaire dans la région. Tous espèrent que la stabilité et la paix seront restaurées, afin de favoriser le développement économique et social de la région.